Publication dans le numéro 63 | Automne/hiver 2024 de la revue CRITIQUE D’ART d’un entretien avec Rémi Mermet et Giovanna Targia, à propos des Principes fondamentaux de l’histoire de l’art. Entretien mené avec David Zerbib.
Publié en 1915, Les Principes fondamentaux de l’histoire de l’art de Heinrich Wölfflin figure parmi les ouvrages les plus influents du XXe siècle pour la discipline. Il a connu de nombreuses rééditions du vivant de son auteur. Depuis 2015, année marquant le centenaire de la publication, l’œuvre de l’historien de l’art suisse fait l’objet d’une actualité renouvelée, incitant à repenser sa lecture à la lumière des débats contemporains. L’ouvrage vient d’être réédité aux éditions de L’Ecarquillé. Parallèlement, l’université de Zurich prépare depuis près d’une décennie une édition critique des œuvres complètes, en version papier et numérique, sous la direction de Tristan Weddigen, Oskar Bätschmann et Joris van Gastel.
L’occasion nous est donnée de revisiter d’un point de vue critique cette figure emblématique. Pour ce faire, nous nous tournons vers deux jeunes chercheurs : Rémi Mermet, chargé de recherches FNRS à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, docteur en philosophie et en histoire de l’art, et Giovanna Targia, chercheuse postdoctorale à l’université de Zurich, docteure en histoire de l’art et membre de l’équipe éditoriale des œuvres complètes de Wölfflin. Comment les « principes fondamentaux » d’une histoire de l’art wölfflinienne peuvent-ils aujourd’hui se révéler pertinents, à une époque où l’histoire de l’art se repense à l’aune des lectures critiques de l’historiographie occidentale et où la conception même de son objet – l’art – est mise en question par des perspectives théoriques qui en relativisent la signification et en dissolvent la spécificité au sein d’un rapport déhiérarchisé aux formes culturelles ?